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Ma carrière

Ma carrière personnelle et professionnelle a façonné la personne que je suis. Il y a plusieurs éléments qui sont, à mon sens, plus important pour comprendre mes choix.

Sur cette page, vous trouverez des informations essentielles et interreliées avec les autres sections. Ces informations viennent nuancer, approfondir, mettre en relation et structurer théoriquement les dires des pages liées à cette section (tégumentaire).

Influence de ma carrière professionnelle et personnelle sur mes choix de vie

Les mathématiques et la recherche

Pourquoi ai-je toujours été attiré par les mathématiques ? Est-ce leur logique, leur structure, ou leur capacité à modéliser le monde qui m’a fasciné ? Probablement un mélange de tout cela. Les mathématiques me forcent à adopter une rigueur, à persévérer face à un problème jusqu’à ce qu’une solution émerge. Ce goût pour les calculs et la réflexion trouve aujourd’hui un écho dans mon attrait pour le monde de la recherche.

La recherche, tout comme les mathématiques, exige d'être structuré, de respecter des normes. Elles apportent aussi toutes les deux une manière de voire le monde. Elles m'ont appris à toujours tout faire pour trouver des pistes de solutions. Il faut se creuser la tête pour y arriver dans la vie. Est-ce une coïncidence si j’aime autant travailler sur un sujet en profondeur ? Peut-être pas. Cette passion pour la réflexion rigoureuse semble avoir guidé mes choix académiques et professionnels, notamment mon envie de m’investir davantage dans une carrière universitaire. Mégemon et Baubion-Broye (2001) explique que l'identité professionnelle se construit à travers diverses expériences de socialisation dans différents domaines de la vie, notamment sous l'influence de l'éducation (familiale ou scolaire). Cela suggère que l'identité professionnelle est étroitement liée aux identités personnelles et sociales, plutôt qu'indépendante. Je pense que mon attrait pour les mathématiques a effectivement fait émerger toute une partie de ma personnalité centrée autour de la recherche, de long moment de réflexion sur une tâche précise.

Inégalités

Je viens d’une famille dont les moyens économiques et culturels étaient limités. Bien que je n’aie jamais manqué de rien grâce aux efforts de mes parents, je ne pouvais m’empêcher de remarquer les différences entre ma situation et celle de certains de mes camarades de classe. Est-ce que ces petites différences ont semé en moi un sentiment d’injustice ? Elles m’ont poussé à m’interroger : pourquoi certains élèves ont-ils plus d’opportunités que d’autres ? Ce questionnement s’est transformé en moteur au cours de mes études en sciences de l’éducation, où je me suis concentré dans beaucoup de travaux sur les inégalités scolaires, sur le sentiment d'efficacité personnel et sur les injustices dans notre système scolaire. Est-ce une manière pour moi de contribuer à un monde plus juste, en voulant aider à réduire ces écarts qui m’avaient marqué ? Je pense en tout cas que ma position dans la société a joué un rôle essentiel dans la construction de problématique qui me touche. 

De plus, les mathématiques sont souvent sources de difficultés pour les élèves et, malheureusement, trop souvent liées au statut socio-économique (OCDE, 2017).  En effet, des études mettent en évidence le fait qu’il y ait encore, de nos jours, une corrélation forte entre les scores aux tests de mathématiques et le contexte socioéconomique des enfants (OCDE, 2017). Cette corrélation est positive : plus ce contexte est favorable, plus les scores aux tests sont élevés et inversement.  Les quatre types de capitaux, développés par Bourdieu et Passeron (1970) pourraient conduire à approfondir ce constat. Au plus ces quatre facteurs sont faibles, au plus l'élève a des chances d'être dans une situation inégalitaire à l'école. D’abord, le capital humain correspond à l'éducation et la formation des parents. Ensuite, le capital social se traduit par le climat familial. Puis, le capital culturel correspond aux ressources disponibles à la maison pour entretenir la culture scolaire. Enfin, le capital matériel fait le parallèle avec ce que l'élève possède chez lui. Toutes faiblesses dans un ou plusieurs facteurs entrainent des chances plus grandes d'inégalité scolaires. Je prends en exemple les tests de l'OCDE, car ce sont ceux que j'ai le plus utilisé dans mes travaux. Bourdieu et Passeron utilisent des concepts très précieux en éducation qui permettent de faire un minimum attention à certains éléments en tant que professeur. Je pense que cette réalité est à faire conscientiser dés le début des études en utilisant notamment ces quatre facteurs.

Aider tout le monde

Une constante dans mon parcours est mon envie d’aider les autres. Déjà en primaire, j’aimais aider mes camarades avec leurs devoirs. Au secondaire, je me suis investi comme délégué de classe et membre du comité rhéto. Je n'étais pas l'élève avec les meilleurs notes, j'étais même un élève avec des côtes relativement moyennes, mais j'avais besoin d'aider les autres, de me sentir utile peut-être. Plus tard, durant mes études supérieures, j’ai été représentant durant toutes mes années d'études. Pourquoi ce besoin constant de m’engager pour les autres ? Peut-être parce que j’ai toujours vu l’importance d’un soutien collectif et de la réduction des inégalités. Être représentant m’a permis d’agir concrètement : informer, rassurer, et créer des solutions pour améliorer la vie des autres étudiants. En tant que professeur, cet élan se poursuit, que ce soit en aidant mes élèves à surmonter leurs difficultés ou en m’engageant dans des projets qui rendent l’apprentissage plus équitable. Je pense que cette facette de ma personnalité a joué un rôle majeur dans mes choix de formation, sans que je ne m'en aperçoive. 

Mais est-ce que cette envie d’aider est uniquement altruiste ? Peut-être que s’investir pour les autres m’aide aussi à trouver ma place dans un système complexe. En créant du lien et en contribuant au bien commun, j’ai l’impression d'être important. C'est également une manière de voir les choses que je n'avais jamais pris en compte. On me dit souvent que je suis fait pour ce genre de tâche, pour ce genre de rôle. Peut-être que ces discours m'encouragent à aider les autres car je me sens important à leur yeux.

Je me rends compte que ce besoin constant de vouloir aider m'a finalement poussé, assez intuitivement d'ailleurs, vers ce monde professionnelle qu'est l'enseignement.

Mon TDAH

Enfant, j’étais perçu comme "ingérable". Mon TDAH était difficile à gérer pour mes enseignants, et les méthodes classiques ne fonctionnaient pas avec moi. Pour gérer mon TDAH, mes professeurs en primaire me sortait souvent de la classe comme pour dire "je ne sais plus quoi faire de toi". Je me demande souvent : cette expérience a-t-elle influencé mon choix de devenir professeur ? Je sais à quel point un élève peut se sentir incompris, voire exclu, dans un système qui ne sait pas toujours s’adapter aux besoins individuels. Mon parcours m’a poussé à vouloir être cet enseignant que je n’ai pas toujours eu : quelqu’un capable de comprendre, d’adapter, et de soutenir.

De plus, mon TDAH a aussi façonné ma manière de penser. J'ai dû apprendre à canaliser mon énergie et mes mouvements, à me concentrer durant des longues périodes, à compenser mes longues périodes d'activités et d'écoute en bougeant ma jambe et mon bras uniquement. Est-ce que cela fait de moi un meilleur enseignant ou chercheur ? Je l’espère, car cette expérience m’a appris à voir les différences comme des forces plutôt que des obstacles.

Maintenant que je suis enseignant, je fais de mon mieux pour aider ce type d'élève. Les stratégies de gestion comportementale, comme le renforcement positif, sont particulièrement efficaces (Cardon et al., 2023). Il s'agit de valoriser les comportements adaptés en attribuant des récompenses symboliques ou des responsabilités spécifiques à l’élève. Cela renforce leur estime de soi et leur motivation intrinsèque à s’impliquer dans les tâches scolaires. Dans cette optique, l’utilisation de contrats comportementaux personnalisés peut également permettre d’instaurer un dialogue constructif entre l’élève, l’enseignant et les parents. C'est le genre d'élément qui aurait pu peut-être me correspondre étant jeune. 

L’aménagement de l’espace et du matériel constitue une autre piste importante (Lanaris et Massé, 2007). Positionner l’élève TDAH près de l’enseignant et loin des sources de distraction minimise les perturbations. De plus, proposer des outils tels que des fiches de suivi ou des minuteurs aide à maintenir leur attention sur une tâche donnée. Il peut également être bénéfique de leur permettre des pauses actives, comme se lever ou manipuler des objets discrets, afin de canaliser leur énergie sans nuire à l’ambiance de la classe. Personnellement, j'ai appris à canaliser mon énergie sur la durée, en trouvant des moyens qui me correspondent. Je n'ai malheureusement pas eu d'aide lorsque j'étais en primaire pour m'apprendre à me gérer.

Bibliographie

Bourdieu, P. & Passeron, J.C. (1970). La reproduction : éléments pour une théorie du système d’enseignement. Edition de Minuit.

Cardon, C., Massat, I., Villemonteix, T. & Albajara Saenz, A. (2023). Les aménagement scolaires chez les jeunes atteints du trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).  Revue médicale de Bruxelles, 44 (1), 23-31.  https://doi.org/10.3.637/2023.22-011.

Lanaris, C. & Massé, L. (2007). Le TDAH et l'aménagement de la classe : pour un aménagement de la classe qui favorise l'épanouissement des élèves présentant un TDAH. La foucade, 7 (2), 6-7. 

Mègemont, J. & Baubion-Broye, A. (2001) . Dynamiques identitaires et représentations de soi dans une phase de transition professionnelle et personnelle. Connexions, 76 (2), 15-28. https://doi.org/10.3917/cnx.076.0015.

OCDE. (2017). Résultats du PISA 2015 (Volume II) : Politiques et pratiques des établissements performants. Éditions OCDE. https://doi.org/10.1787/19963785